After Effects CS 5.5
test par Stéphane Prince
After Effects CS5.5 est ce qu’on peut appeler une bonne mise à jour.
Pas de liste interminable de corrections minimes ni de changements de raccourcis clavier inutiles, mais quelques nouveautés bien pensées qui viendront simplifier la vie de l’utilisateur.
Lumières améliorées
Pour commencer, depuis que la 3D était apparue avec la version 5 (pas CS5, 5… c’était il y a bien longtemps), la gestion des lumières souffrait d’une grave lacune : elle ne prenait pas en compte la distance des calques par rapport aux sources de lumière.
Seul l’angle d’incidence des rayons lumineux qui le frappaient déterminait son éclairement. Plus les rayons étaient obliques, moins ils éclairaient, plus ils arrivaient perpendiculairement, plus la surface était lumineuse. On arrivait donc à des aberrations.
Par exemple, dans un couloir fait de calques, si on positionnait une lumière ponctuelle (une ampoule), les murs réagissaient correctement mais le fond du couloir était éclairé plein pot. Il fallait donc régler ce problème à la main ou à l’aide d’expressions savantes.
Tout cela appartient dorénavant au passé : dans After Effects CS5.5 on peut régler l’affaiblissement de l’éclairement pour chaque calque de lumière. Il y a même deux réglages possibles, linéaire ou « proportionnel à l’inverse de carré de la distance » (comme dans le monde réel du dehors).
Caméras 3D stéréoscopiques
Toujours dans le registre de la 3D, After Effects fait un bond dans la production d’images stéréoscopiques.
Imaginez que vous ayez une composition avec une caméra qui se promène bien sagement au milieu de calques 3D. Il suffit d’un clic (créer système 3D stéréo) pour qu’ After Effects crée 3 compositions à partir de la vôtre, une pour chaque oeil et une troisième pour fabriquer la combinaison des 2 autres.
Les caméras gauche et droite sont alors verrouillées sur votre caméra par un jeu d’expressions et les réglages s’effectuent par l’intermédiaire de 2 effets. Le premier permet d’ajuster la position relative des caméras gauche et droite, leur convergence et autres douceurs.
Le deuxième se chargera de combiner les 2 vues pour produire l’image stéréoscopique à destination d’une télévision 3D ou des fameuses lunettes rouge-cyan (anaglyphe) du psychiatre de Twin Peaks.
Même avec ces dernières, le résultat est bluffant quoiqu’un peu fatigant pour les yeux.
Stabilisation de déformation
Du côté du compositing, on ne peut que saluer l’apparition d’un effet de stabilisation dit « de déformation ».
Sous cette traduction (Warp Stabilizer en version d’origine) certainement grassement payée à Google se cache un redoutable adoucisseur de mouvement utilisable aussi en bête stabilisateur. Son rôle est autant de corriger les micro-mouvements parasites d’un travelling ou d’un panoramique que de stabiliser totalement un plan parkinsonien. Dès qu’il est posé, l’effet analyse le calque en tâche de fond et effectue un « lissage », le tout en un temps plus que correct.
Il y a de nombreuses options tant dans la méthode d’analyse employée (perspective, position, rotation, etc.) que dans l’usage qui en est fait. L’aspect « de déformation » du nom de l’effet s’explique par le fait qu’il est capable d’analyser différents mouvements dans l’image, provenant essentiellement du parallaxe (différentes distances des objets, différentes vitesses de déplacement par rapport à la caméra) et d’effectuer des légères déformations de l’image pour en tenir compte dans la stabilisation.
Les vides générés par stabilisation/lissage sont comblés par un recadrage/zoom optimisé ou par interpolation des pixels en bordure. Ce dernier fonctionnera plus ou moins bien suivant le type d’image traitée. Cet excellent plugin remplace très avantageusement l’usage de l’expression smooth qui requiert une très bonne connaissance du tracking dans After Effects.
Flou pas fou
L’effet Flou de l’Objectif qui existait sur la version CS5 est remplacé par l’effet « Effet Flou objectif appareil photo », à peu près équivalent mais plus rapide.
Il permet des effets de profondeur de champ en prenant un calque de profondeur en référence. Celui-ci peut provenir d’un logiciel de 3D ou bien être créé directement dans After Effects. On retrouve les artefacts propres au defocus des objectifs de la vraie vie en manipulant quelques paramètres simples. A noter que bon nombre de paramètres de cet effet se retrouvent sur les caméras 3D. Quand on active la profondeur de champ, on peut choisir entre entre le flou qui existait jusqu’alors (le « flou encadré ») qui reste rapide et des flous plus réalistes avec là aussi un rehaussement des tons clairs et des artefacts.
Enfin, quelques améliorations notables :
Jusqu’à présent, After Effects ne gérait pas les codes temporels des clips importés, ils commençaient tous à l’image 0 avec toutes les complications que cela pouvait impliquer dans le dialogue avec des logiciels de montage. On peut désormais choisir entre l’une et l’autre option.
Des formats d’importation (RAW) et d’exportation (XDCAM EX) ont été ajoutés.
Et pour terminer, After Effects sait importer des tables de correspondance des couleurs.
Stéphane Prince – truquiste, formateur, certifié Adobe After Effects.
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