Un nouveau Mac Pro !
…testé avec Final Cut Pro X.1, Da Vinci Resolve, After Effects, Nuke, Motion, Compressor,…
Le marché professionnel a traversé deux années d’incertitudes : l’angoisse de l’abandon des pros, le mythe de l’arrêt programmé de Final Cut Pro, la fausse vraie disparition des Mac Pro…, une année sans aucun Mac Pro en vente, plus de 6 mois d’attente…
Apple bichonne enfin le marché professionnel, en lançant ce nouveau Mac Pro, exceptionnel, aussi bien dans son design ou sa conception que pour ses performances…
Nous l’avons testé avec les nouvelles versions de Final Cut Pro X et DaVinci Resolve, versions optimisées pour ce Mac Pro nouveau, mais aussi avec After Effects, Nuke, Motion et Compressor…
Le design du Mac Pro
Le Mac Pro nouveau est très compact !
Avec 25 cm de haut et 5 kg, son boîtier aluminium peint en noir est d’une rare élégance.
Discret, le Mac Pro est très silencieux. Le Mac Pro est construit autour d’un axe vertical, une colonne de refroidissement naturel, qui évacue la chaleur sans ventilateur. Son unique ventilateur, situé en haut, est actionné au besoin, et de toute façon ne fait quasiment aucun bruit : il est théoriquement 32 fois moins bruyant que l’ancien Mac Pro…
Exit le boîtier gris 6 fois plus gros, exit aussi les baies de stockage en disques durs et cartes PCI : il faudra faire sans, ou bien ajouter un chassis d’extension… Le Mac Pro réunit des composants de haut niveau et forme une synthèse brillante, hyper performante et compacte, adaptée de nouveau au futur de l’informatique et de ses applications professionnelles / créatives.
Le Mac Pro propose ainsi par défaut 2 cartes graphiques, à choisir entre 2 x 2Go, 2 x 3Go ou 2 x 6Go.
C’est une très bonne idée, puisque la plupart des logiciels visuels utilisent la capacité de calcul temps réel des cartes graphiques (GPU) : Final Cut Pro, Motion, After Effects, DaVinci Resolve, Cinema4D, Maya, Smoke…
Les cartes du Mac Pro sont des AMD FirePro, conçues exprès par Apple.
Elles peuvent ainsi gérer jusqu’à 3 écrans 4K simultanés, en plus du calcul temps réel des applications.
Ce Mac Pro est également compact grâce à son stockage qui utilise un SSD, fait maison, et il n’abrite aucun lecteur ou graveur de DVD… Apple a tiré un trait depuis longtemps sur les supports physiques, pour privilégier l’avenir du numérique dématérialisé : web, PAD numériques, DCP online, cloud…
La capacité du SSD interne n’est pas très importante (1To maxi) et son tarif un peu élevé.
Pour des stations de montage ou étalonnage, un Raid externe sera donc obligatoire pour stocker les nombreux médias.
Le Mac Pro propose une connectique également radicale :
4 prises USB 3, 6 prises Thunderbolt 2, une sortie HDMI 1.4 (donc UltraHD), et quand même prises 2 Ethernet… qu’Apple a dû regretter à moitié de maintenir !
A noter, le Mac Pro intègre un gyroscope qui déclenche l’illumination des prises lorsqu’on bouge le Mac Pro : cette illumination (progressive !) est pratique et bien le signe d’une conception luxueuse, au moindre détail près.
Le Thunderbolt 2 permet de brancher des écrans informatiques et vidéo (notamment 4K) et des solutions de stockage très rapides (bande passante 50Gb/s), jusqu’à 36 appareils en série. La prise HDMI offre une sortie vidéo « gratuite » en HD ou UltraHD.
Les différents composants du Mac Pro sont parmi les plus modernes et rapides qui soient, depuis les interfaces d’entrées/sorties jusqu’aux cartes graphiques, en passant par le SSD, la Ram et le processeur, lequel processeur est disponible en 4, 6, 8 ou 12 cœurs.
Tarif sur mesure…
Le Mac Pro nouveau débute à 2999,00 Euros TTC, pour un 4 cœurs, 256 Go de SSD et une double carte de 2x2Go. La configuration maximale culmine à 9599,00 Euros TTC…
Pour un Mac Pro qui justifie son architecture et ne reste en rien derrière les anciens Mac Pro ou les meilleurs iMacs, il faudra débourser 6899,00 Euros TTC.
Cela donnera 8 cœurs, 16 Go de Ram, un SSD de 512 Go, et des cartes graphiques de 2 x 6Go.
C’est deux fois plus cher que le meilleur iMac, et donc sans écran…
Ce ne sera donc pas pour tout le monde.
Une modularité radicale
Ce qui fait grincer les dents, à part le tarif relativement élevé, c’est sa modularité, particulièrement radicale :
pas de place pour loger nos bonnes vieilles cartes PCI,
pas de place pour installer de braves disques durs «plateau» à bas prix…
Apple dit que c’est inutile, et Apple a ainsi conçu un design ultra compact et silencieux.
C’est compréhensible et parfois acceptable, mais dans certains cas, il faudra trouver une solution, couteuse, disgracieuse et bruyante !
Pour faire du montage, il faudra bien connecter un ou plusieurs disques, en USB3 ou Thunderbolt (1 ou 2), seuls ou en Raid. C’est alors plus cher que des braves disques (logeables à discrétion dans les anciens Mac Pro), mais c’est en tout cas très performant. Promise vient ainsi de renouveler sa gamme de Raid en Thunderbolt2, de 4 à 8 disques, à partir de 1449 Euros TTC pour 8 To.
Pour loger des cartes PCI, il faudra connecter un chassis d’extension Thunderbolt.
Notamment pour une carte RED Rocket, indispensable pour décoder le codec Red, un raw complexe. (En attendant une optimisation du RedCode aux Mac Pro ?)
Par contre, Apple a imaginé le Mac Pro nouveau de manière à pouvoir changer facilement ses composants : mémoire vive bien sûr, mais aussi le SSD, le processeur et prochainement les cartes graphiques.
C’est donc une machine d’avenir, et évolutive.
On ouvre rapidement un Mac Pro (il suffit de débrancher tous les câbles), et sa conception est limpide, claire et accessible.
On notera qu’Apple a oublié de mettre un dispositif antivol, ce qui est dommage, vu le prix de l’engin qui fera des envieux, et sa compacité qui leur donnera des ailes… On trouve heureusement une attache qui se glisse entre la prise secteur et le Mac Pro, pour ensuite pouvoir accrocher un antivol : 6 Euros environ chez MacLocks.
Egalement, on trouve désormais un chassis pour mettre en rack un ou deux Mac Pro : 289 Dollars chez MK1. Ce n’est pas très beau, mais c’est possible pour un rangement dans un nodal.
Des performances exceptionnelles
Testé avec la plupart des logiciels créatifs/professionnels, le Mac Pro s’est révélé être une machine exceptionnelle, du jamais vu.
Lire de nombreux flux 4K (ProRes, H264, Red, Cinema DNG), calculer des effets ou afficher de la 3D, avec Final Cut Pro X, DaVinci Resolve, Cinema 4D, After Effects, Nuke…
Globalement, le Mac Pro est 4 à 5 fois plus performant, sur tous les plans, qu’un Mac Pro ou un iMac : aussi bien l’affichage temps réel que les calculs. Cela ne tient donc pas qu’à la double carte graphique de grosse capacité, mais aussi à l’ensemble : le Mac Pro, sa carte mère, ses composants, sa ram véloce (DDR3 4 canaux) et son SSD incroyablement performant. Celui-ci affiche ainsi des taux d’écriture / lecture d’environ 900 Mo/s, deux fois plus que les meilleurs SSD habituels.
Il faudra cependant modérer nos achats impulsifs dans certains cas de figure :
il faut en effet que les logiciels soient optimisés Mavericks et double carte graphique pour utiliser à 100% les nouveaux Mac Pro.
Final Cut Pro X.1 et DaVinci Resolve 10 ont été optimisés et profitent désormais à plein de la puissance du Mac Pro.
Photoshop CC est optimisé… pour une seule carte graphique, pas encore les deux en même temps.
Les autres logiciels utilisent à peine cette puissance encore endormie : Cinema 4D, After Effects, Nuke, Smoke, Avid…
On attend des mises à jour d’optimisation complète.
On notera ainsi que le mode de lumière 3D en lancer de rayons sous After Effects ne fonctionne tout simplement pas encore.
Final Cut Pro X.1 optimisé
Conjointement à la sortie du Mac Pro, Apple propose une mise à jour majeure de Final Cut Pro.
Cette version X.1 est gratuite pour les détenteurs d’une licence Final Cut Pro X, et elle offre de nombreuses nouveautés. Certaines nouveautés étant attendues du monde professionnel, un monde qui n’avait pas fini de digérer la révolution ergonomique de Final Cut Pro X.
L’organisation des médias a ainsi été profondément revue, et Final Cut Pro X.1 accueille désormais des bibliothèques pour rassembler événements et projets dans un même groupe.
Cela ressemble à l’ancienne logique « Final Cut Pro 7 » et ce sera vivement apprécié.
On peut ouvrir et fermer les différentes bibliothèques pour ne charger que les données dont on a besoin.
On peut importer des données à l’intérieur ou à l’extérieur d’une bibliothèque, où l’on veut, y compris un SAN.
Cela va faciliter le travail en groupe, en réseau.
On dispose d’une sauvegarde automatique des bibliothèques sur un lecteur ou dans un emplacement réseau défini par l’utilisateur.
Et Final Cut Pro X.1 ne va plus scanner automatiquement des volumes de stockage apparaissant sur un Mac.
En montage, Final Cut Pro X.1 permet d’afficher les coupes sur tous les plans de la timeline. Une barre orange indique les données utilisées sur les plans sources.
Le multicam progresse, avec un fonctionnement équivalent au travail sur des éléments non multicam : détacher l’audio, faire un montage de vidéo ou audio seul, déplacer un audio dans des coupes en J et L, faire un roll audio avec des scission de coupe en J et L ouvertes…
Le retiming a été amélioré.
Les formats gérés / compatibles progressent…
Le nouveau format FxPlug3 est adapté au Mac et Pro et à ses 2 cartes graphiques.
Unique grosse déception : les monteurs habitués à organiser visuellement leur travail audio regretteront qu’on ne puisse toujours pas disposer visuellement les éléments audio par « pistes », pour voir la VF, la VI, la musique… même si Final Cut Pro X et ses rôles offrent une organisation audio très claire et puissante (mais pas visuelle !).
Final Cut Pro X.1 optimisé Mac Pro, cela signifie des performances multipliées par 4 environ, face au meilleur des iMacs ou à un ancien Mac Pro haut de gamme : 16 flux 4K simultanés, une lecture de format Red 4K sans trop de soucis, empiler des effets, des étalonnages et des titres sans jamais rien calculer… On notera que si on utilise la sortie HDMI, cela réduit les performances temps réel de la timeline FCP, mais pas de manière drastique.
On peut avoir la sortie vidéo sur une TV en hdmi, aussi simplement que cela : en SD, HD, ou Ultra HD.
Cette sortie HDMI 1.4 se limite à du 8 bits. Au delà il faudra un boîtier vidéo pro, de type Aja ou BlackMagic Design.
Nous avons testé le BMD Ultrastudio 4K : pour 745 Euros HT, ce boîtier propose toute la connectique pro habituelle, ainsi que les formats, SD, HD, UltraHD et 4K, le Thunderbolt2 et le hdmi, des e/s HDSDI, la stéréoscopie…
L’avenir du Mac Pro ?
Apple ne propose pas pour le moment de nouveau moniteur informatique 4K…
En attendant un hypothétique écran élégant (mais onéreux !), Apple propose le moniteur 4K Sharp. Pour 3999 Euros TTC, cet écran 32 pouces est un bon écran 4K vidéo, mais on évitera d’y travailler une interface de logiciel : 4K sur 32 pouces… c’est trop peu confortable, peu lisible.
Ce nouveau Mac Pro est à peine arrivé que certains critiquent les choix d’Apple: onéreux, sans emplacement pour disques ou cartes,…
Pourtant, ses performances exceptionnelles n’existent nulle part ailleurs, et dans le monde PC une configuration équivalent serait beaucoup plus cher…
A n’en pas douter, sa modularité va progresser et de nombreux accessoires vont progressivement arriver, avec un design, une compacité et des performances comparables, notamment en stockage.
Le Mac Pro est donc une machine professionnelle exceptionnelle : son design, sa modernité technique et ses performances font rêver.
Apple signe là un outil très haut de gamme, sorte de super ordinateur personnel ultra compact.