Peut-être que parmi vous certains ne connaissent pas Digital District ?
Digital District, en images, ça donne ça.
Pour la petite histoire, Digital District est né de Def2Shoot, à l’époque où Franck Malmin, directeur technique sur « Keana, la prophétie » et David Danesi étaient associés.
Def2Shoot est devenu célèbre pour les effets réalisés sur « Les Poupées Russes » de Cédric Klapisch, « L’empire des loups » de Chris Nahon, « Incontrôlable » de Raffi Shark et plus récemment « OSS 117 » de Michel Hazanavicius.
Et puis un jour, c’est la séparation! Certains parlent de faillite..
Def2shoot existe toujours et appartient à Digimage. De son côté, D.Danesi, une partie des graphistes de Def2Shoot sous le bras, monte Digital District en 2008.
Beaucoup de publicités et un certain nombre de films qui ont fait leur succès LOL (Laughing Out Loud), The Artist, Cloclo: La fabuleuse histoire de Claude François et Un plan parfait.
Depuis plusieurs années, une partie du travail sur les longs métrages était envoyée chez Benuts, le partenaire Belge de Digital, puisque faire travailler la Belgique coûte moins cher grâce au crédit d’impôt Belge.
Début 2012, Digital District, qui cherchait des investisseurs depuis plusieurs mois, est racheté par Quad. Ce rachat entraîne une fusion avec la boite d’effets WIZZ (responsables des effets d’Intouchables).
Le titre reste le même et désormais, Digital District s’étend sur deux sites, Paris et Clichy.
Depuis plusieurs mois, Digital avait également ouvert des succursales à Montréal pour y produire un nouveau film d’animation, ainsi qu’à Shangai, pour élargir sa clientèle en publicité.
Et voilà que cette semaine, les journaux nous apprennent que Digital District a déplacé son siège social à Montréal !
D’une manière à peu près semblable à celle pratiquée en décembre 2011, lorsque les graphistes avaient appris le rachat « surprise » et la fusion le jour du repas de Noël… cette fois, le personnel entier aurait appris cette délocalisation du siège social « par les journaux », « en même temps que tout le monde ».
Voici les propos de David Danesi rapportés par Radio Canada » Nous avons été séduits par l’accueil de notre projet au Québec, nous sommes heureux de contribuer à la créativité bien connue des artistes québécois « .
En même temps, qui resterait indifférent face à un accueil financé par la SODEC et Téléfilm Canada?
C’est d’ailleurs ce que laisse à penser André Rouleau de Caramel Film, fier d’affirmer que » l’ouverture du studio de Digital District à Montréal est un exemple probant du succès de l’investissement de notre gouvernement dans la culture ainsi que des efforts faits par la SODEC et Téléfilm Canada pour imposer Montréal comme lieu de production cinématographique incontournable à l’échelle internationale ».
Ballerina, le 1er film fait sur le territoire québécois, coproduit par Caramel Films et Quad Productions, est « doté d’un budget de 32 millions $ dont plus de 24 millions $ seront dépensés à Montréal. Le distributeur Gaumont y a entre autres investi près de 13 millions $ », a déclaré Nicolas Duval, producteur chez Quad Productions.
En regardant cette interview de Radio Canada, j’ai le sentiment que l’aventure du « bureau français » appartient déjà un peu au passé.
Certes, je me place en tant que technicienne française et je vois les choses à ma petite échelle, mais j’espère vivement que dans leur course au dollars, David Danesi et ses compères n’oublieront pas que le succès de Digital appartient en grande partie au talent des artistes français qui ont oeuvré sur leurs publicités, et leurs films.
Certes le gouvernement français ne propose pas de solutions financières avantageuses pour garder sa production en France, mais espérons que cette délocalisation mènera à un vrai partenariat entre les différents pays.
Sans quoi, cette délocalisation ne reviendrait qu’à une vaste escroquerie, laissant sur le carreau plus d’une centaine de personnes…