Actualités | After Effects CS5, testé par Stéphane Prince, truquiste et formateur spécialiste d’After Effects.

After Effects CS5, testé par Stéphane Prince, truquiste et formateur spécialiste d’After Effects.

 

After Effects CS5 est une mise à jour majeure. Non qu’elle amène de grandes fonctions révolutionnaires, mais elle améliore le confort et la rapidité de travail sur beaucoup de fronts, notamment en compositing.

64-bits
Jusqu’ici, vous pouviez gaver votre ordinateur de mémoire vive, After Effects restait de marbre en n’utilisant que 2 ou 3 Go de RAM pour les plus chanceux. Cette barrière très frustrante vient de voler en éclat. AE CS5 a en effet été réécrit pour fonctionner sur des systèmes d’exploitation 64 bits afin de tirer profit des RAM embarquées. Première conséquence, les prévisualisations RAM ( les images crées par After Effects sont stockées en mémoire vive avant d’être lues en temps réel) peuvent s’effectuer sur une durée plus longue, ou en utilisant un codage couleur plus élevé (16 ou 32 bits), y compris sur des images de grande taille (full HD, 4K, etc.). Autre conséquence  de passage en 64 bits, le calcul mutli-processeurs devient réellement performant. Dans la version précédente, non seulement le gain de rapidité se résumait à une exploitation plus performante des processeurs, mais elle était limitée aux rendus à cause d’un délai de pré-calcul rédhibitoire au cours du travail. Avec la CS5, chaque coeur ou processeur peut se voir allouer autant de RAM que nécessaire et ce fameux délai a disparu. Résultat, sur un trucage d’une image en fullHD avec un Macpro quadricore équipé de 8Go de RAM, le rendu est passé de 2min30 à 40s…très impressionnant. Il est donc vivement conseillé de disposer d’un minimum de 2Go de RAM par coeur pour exploiter à fond cette nouvelle puissance. Autre amélioration appréciable, AE CS5 se lance plus vite que son prédécesseur qui, il faut bien l’avouer, savait se faire désirer. Le seul point noir de ce passage en 64 bits, c’est que tous les plug-ins tiers (Trapcode, Saphire, etc.) doivent être mis à jour, les versions qui fonctionnaient sur la CS4 devenant incompatibles avec la CS5. A noter aussi, pour une raison obscure, seuls les projets enregistrés dans des versions postérieures à  After Effects 7 pourront être ouve
rts par la CS5. Du coup, mieux vaut ne pas effacer la CS4, au moins dans un premier temps.
 

Rotoscopie automatisée
Vendu, et meme sur-vendu par Adobe, un nouvel outil, Roto Brush, permet d’effectuer des détourages dynamiques en sélectionnant des zones de l’image à conserver. Il suffit de quelques coups de pinceau pour délimiter un personnage ou un objet et After Effects se chargera de faire évoluer cette sélection sur un certain nombre d’images. On peut alors effectuer des modifications au cours du temps en enlevant ou rajoutant des zones à coups de pinceau. Lorsque le détourage est satisfaisant, de nombreuses options permettent d’affiner le contour. Très proche de l’outil sélection rapide de Photoshop, il écope des mêmes travers, aggravés par l’aspect dynamique de la video. On le sait, sur une image fixe, l’outil de photoshop fait des miracles mais ne suffit que très rarement à obtenir un détourage propre. Reste alors à peaufiner avec d’autres techniques comme la plume, le pinceau, bref, tout ce qui fait la force de Photoshop. Avec de l’image animée, ce genre de travail en finesse est impossible, ou alors il revient à tout faire à la main depuis le départ. On se retrouve donc avec un détourage très approximatif, très lourd à calculer, qui suffira dans de rares cas où l’objet/personnage à détourer est au départ assez détaché de l’arrière plan à éliminer au niveau des couleurs ou du contraste. Reste que si la technique n’est pas une solution magique de rotoscopie, elle fait gagner un temps fou dès lors qu’on a repéré à quel genre d’images elle se prête, ce qui reconnaissons-le, prend parfois un peu de temps.
 

Moccha v2
Dans la meme optique, Moccha, le logiciel de tracking 2D fourni avec After Effects a été revu pour pouvoir tracker (pister le mouvement) des points de masques construits dans Moccha. L’objectif, là aussi, est de faciliter le détourage d’une image. L’étape préalable est un ou plusieurs tracking auxquels on relie des masques.Très complet, Mocha permet un grand nombre d’ajustements au cours du processus, notamment la modification des positions de points de masques, avec  la possibilité de placer des images clé par points et non sur la spline entière, ou l’ajout de splines de contour progressif.  Une fois l’opération réalisée, l’export du masque animé est élémentaire. Un simple copier/coller y pourvoit.  Dans ce cas, on ne récupère pas un masque After Effects mais un effet sur lequel quelques paramètres sont manipulables. Dans le menu Edition d’After Effects, une fonction Paste Moccha Shape permet aussi de récupérer un masque façon After Effects, mais dépourvu des contours progressifs générés dans Moccha.
Moccha V2 pour After Effects (la version Standalone comporte d’autres nouveautés) est donc un outil très puissant, un logiciel de tracking et de détourage à part entière qu’il convient de prendre le temps d’apprivoiser.

Freeform
Les vétérans d’After Effects connaissent certainement cet effet tiers qui avaient disparu de la circulation voilà quelques années. Il revient dans une version modernisée et intégrée à After Effects CS5. Son principe est simple : déformer une image dans n’importe lequel des 3 axes à partir d’une grille dont on déplace les noeuds, ou d’un calque de référence. Rappelons que dans After Effects, tous les calques sont plats, et même pire, ils n’ont que 2 dimensions, aucune épaisseur. Du coup, impossible de les tordre dans l’espace, de les courber. Avec Freeform, on ne déroge pas à la règle, mais on la contourne. Le calque reste plat, mais simule dans sa platitude une déformation en 3D, un peu comme un mini-logiciel de déformation 3D qui aurait comme résultat ce calque plat. Freeform tient compte des informations 3D d’After, caméra, lumière, mais aucune interaction de type 3D (intersections, ombres, etc. ) ne peut survenir avec les autres calques 3D. D’autre part, il faut reconnaître que déformer une image en se basant sur des projections plates est assez ardu et imprécis. Freeform nécessite un bon coup de main.
 


LUT, et autres…

Les LUT (LookUpTable) ou tables de correspondances de couleurs sont désormais utilisables par After Effects, soit à l’aide d’un effet simple, soit à l’intérieur de Color Finesse.
Celui-ci passe en version 3 et travaille désormais en 32bits.
 
En dehors des têtes d’affiche susmentionnées,  After Effects CS5, comporte de nombreuses petites modifications et améliorations plus ou moins anecdotiques.
Par exemple, les possesseurs de MacBookPro de dernière génération auront sans doute remarqué la disparition de la touche Fn (Function) et du pavé numérique qui y était relié. Or After Effects utilise de nombreuses touches de ce fameux pavé numérique. Pour remédier à cela, Adobe à programmé de nouveaux raccourcis, comme la Previsualisation RAM utilisant notamment la touche Control. Seul bémol, la touche « enter » du pavé numérique disparaît pour de bon alors qu’elle était très utile (car différente de son homologue sur le clavier alphanumérique).
Comme d’habitude, le support des codecs s’améliorent : AVC-Intra et RED (R3D) sont pris en charge.
On notera aussi un effet Noir et Blanc très complet, la possibilité d’avoir une prévisualisation dans toutes les fenêtres du genre « Paramètres du solide », Paramètres de Composition, de Lumière, etc.
Et pour finir, le clou, la couleur de fond de composition passe dans les paramètres de composition…

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