After Effects « CC » (Creative Cloud), version 12.0
Un test réalisé par Stéphane Prince, truquiste, expert After Effects et formateur After Effects à Video Design Formation.
Comme pour le beaujolais nouveau et le calendrier des pompiers, chaque année voit naître une nouvelle version de la suite Adobe et par conséquent d’After Effects.
La 3D dans After Effects CC avec C4D.
Je répète.
Pour cette fois, on trouve en star américaine Cineware, l’effet qui relie Cinema 4D (« C4D ») et After Effects (« AE ») Creative Cloud (« CC »).
Pour le cas où vous auriez été enlevé par des extra terrestres (E.T.) pendant ces 10 dernières années, Cinema 4D est le logiciel de 3D préféré des graphistes After Effects, parce que réputé plus accessible que Maya, 3DSMax et compagnie.
Jusqu’à présent, on devait effectuer d’abord les rendus dans C4D puis importer la suite d’images ou le movie correspondant dans After Effects.
Désormais, on importe directement le fichier Cinema4D comme un métrage classique avant de le glisser dans une composition comme on le ferait avec n’importe quel élément graphique. Sur le calque se greffe gentiment l’effet Cineware qui assure in situ le rendu des objets 3D.
A noter une limite : la version allégée de Cinema4D fournie avec After Effects CC ne rend que des images inférieures à 800×600 pixels, les rendus sont vraiment prévus pour être calculés depuis AE.
Autre limite de cette version Cinema4D Lite : vous ne pourrez la lancer que depuis After Effects en créant dans celui-ci un document Cinema4D et en lançant l’édition du dit document.
Rassurez-vous, si vous possédez une licence Cinema4D, votre logiciel prendra automatiquement le pas sur la version Lite et ces limites disparaitront.
En plus du moteur de rendu, Cineware permet de nombreuses passerelles entre les deux logiciels, un peu comme avec les autres logiciels de la gamme Adobe.
Par exemple, si l’origine du projet est une vidéo et qu’on a effectué un tracking 3D (voir plus loin) pour reproduire le mouvement de la prise de vue réelle, After Effects est en mesure d’exporter caméra, lumières et objets nuls (qui faciliteront le repérage dans l’espace de Cinema4D) en fabriquant un fichier Cinema4D contenant le tout. Même les solides et les images sont transmis sous formes de plans équipés du matériau correspondant.
Dans l’autre sens (on part d’un objet 3D), Cineware propose de nombreuses options de manipulation du métrage. On peut laisser After Effects calculer les rendus en tenant compte des caméras du projet Cinema4D, mais on peut aussi lui demander d’utiliser une autre caméra créée dans After Effects. Dans la même veine, il est tout à fait possible de récupérer des caméras du projet Cinema4D pour les mouvements à l’intérieur de l’espace 3D d’After Effects. Tout cela est aussi valable pour les lumières. Ensuite, il est très simple d’appeler les rendus multi-passes classiques (occlusion, réflexion, ombres, etc.) mais aussi les cache ID qui permettent d’isoler des objets, ou les calques de profondeur (zDepth). Et tout ce beau monde est rendu directement dans After Effects, tout en tenant compte des modifications effectuées dans Cinema4D. Bravo Adobe ! (et Maxon !)
Tracteur ?
Non, Tracker.
Adobe a légèrement amélioré son tracker 3D.
On peut maintenant éliminer les points de track disgracieux et définir un sol et une origine pour l’espace.
Cette dernière fonction est bien utile quand on sait que Cinema4D et After Effects ne voient pas leurs centres respectifs avec les mêmes coordonnées.
Le tracker 2D automatique qui porte le doux nom de « Stabil. Deformat. » a lui aussi été réformé.
Il souffrait d’une lacune qui vient d’être comblée : la possibilité d’inverser la stabilisation.
Cette technique permet de stabiliser une image pour lui faire subir les sept derniers outrages, avant de lui redonner son mouvement originel.
Le seul défaut de cette inversion réside dans l’opacité du processus par copier/coller de l’effet. (Je me comprends).
Adobe a aussi ajouté une fonction qui applique le mouvement de l’image à un autre calque.
Quand on sait comment fonctionne précisément un tracking et à quoi il peut être utilisé, tout cela sent le développement vite fait – mal fait qui arrivera à maturité d’ici quelques mises à jour avec un peu de chance…
Atomes crochus
Une des nouveautés les plus agréables de cette version est certainement la fonction d’accrochage.
Elle permet d’aligner graphiquement les calques par magnétisme des poignées et du point d’attache en 2D mais aussi en 3D.
Cette fonction est très bien pensée et très aboutie, puisqu’elle concerne les 3 axes des calques 3D mais aussi les faces des boites qui contiennent les précompositions 3D, les formes extrudées, et même les calques contenus dans les compositions imbriquées ( en 3D seulement).
Il suffit de positionner le curseur à proximité du point à magnétiser, puis d’approcher le calque d’un autre pour que les zones magnétisables de l’autre calque apparaissent.
Cela procure un gain de temps énorme !
FBI
Au registre des améliorations discutables, Adobe semble avoir voulu unifier le processus de rendu de ses différents logiciels.
Les codecs de diffusion tels que le mpeg2 ou le H264 n’y figurent plus, à moins d’aller dans les préférences pour demander explicitement le retour de ces « vieilles options ».
Toute sortie dans ces codecs se fait par Adobe Media Encoder.
Là ou le bat blesse, c’est que ce dernier n’inclut aucune des options des Paramètres de rendu d’After Effects qui permettent d’interpréter les options des compositions telles que la résolution, le flou de bouger, les doublures, etc.
Encore une crise de croissance mal gérée… que d’éventuelles mises à jour devraient corriger bientôt.
Ce qui est assez inquiétant, c’est qu’Adobe semble prendre une direction simplificatrice au détriment du contrôle précis que permettait jusqu’ici la complexité de son interface, mais bon, espérons que ce ne soit là que les craintes d’un vieux graphiste conservateur.
Et sinon ?
A coté de ces innovations plus ou moins palpitantes, les développeurs ont modifié un grand nombre de petites choses anecdotiques qui passeraient presque inaperçues si personne n’en parlait.
Parlons-en, justement !
On a par exemple le grossissement bicubique, comme dans photoshop qui fait son apparition. Quand on agrandit un calque, en y regardant de près, c’est vrai que c’est un peu plus mieux quand l’option est cochée… Mais pas tout le temps.
Un effet Flou de mouvement des pixels est apparu. Mieux que CC Force Motion Blur mais plus long puisqu’il utilise la même détection des mouvements que l’interpolation d’images utilisée pour les variations de vitesse (remappage temporel, extension temporelle et déformation temporelle).
Le mini-organigramme (hyper-utile) n’apparaitra plus quand vous appuierez malencontreusement sur la touche Maj, mais en enfonçant délicatement la touche Tab.
On peut maintenant fermer toutes les compositions sauf une. Dit comme ça, ça parait peu, mais c’est bien.
On peut activer le rendu multi-images sans qu’il affecte les prévisualisations RAM. Il était temps.
On peut vider toutes les mémoires cache en meme temps. Je l’avais prédit.
Bon, un petit dernier pour terminer : le moteur de recherche fait apparaitre les calques avec effets manquants, polices manquantes, etc.
…Vous l’aurez compris, After Effects millésime Creative Cloud est une bénédiction pour les graphistes qui travaillent avec Cinema 4D.
Pour les autres, il parait clair qu’ils vont devoir s’y mettre…
Un test réalisé et écrit par Stéphane Prince, truquiste, expert After Effects et formateur After Effects à Video Design Formation…
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