IBC, 2012, quoi de neuf ?
Pour la première fois de ma vie à Amsterdam et pour IBC, j’ai découvert une ville ensoleillée, incroyablement belle, et un salon à taille humaine… mais à dimension internationale et aux acteurs passionnants.
L’une des stars du salon était la très attendue Cinema Camera de Blackmagic design :
annoncée au NAB en avril 2012, pré-commandée par des dizaines de milliers d’acheteurs déjà fans avant même de l’avoir touchée… on l’attend encore début septembre et il semble qu’elle ne soit toujours pas livrable… avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Et encore, pour les clients l’ayant pré-commandée voilà 5 mois… Pour les autres, il faudrait attendre au moins début 2013… BMD vient d’annoncer une seconde version, identique à cette première caméra 2,5K, sauf la monture, proposée en micro 4/3. Pourtant, quel engouement pour une caméra assez basique ! La raison en vient de son prix, incroyablement bas, d’un assez gros capteur (type super 16), de son ouverture aux optiques EF (Canon), et de ses choix techniques : enregistrement non compressé sur SSD intégré, ProRes, DNxHD ou Raw 12 bits, elle est livrée notamment avec DaVnci Resolve, outil de développement Raw et bien sûr d’étalonnage, dont la dernière version (9) vient d’arriver avec une ergonomie simplifiée et un accès à des machines plus légères (iMacs, portables,…).
Cette caméra moderne, raisonnable mais si peu onéreuse sera un must : pour la fiction low cost, la pub, le clip, mais aussi de nombreuses productions de qualité, en télévision, qui voudront continuer à tendre vers une image plus maîtrisée, plus cinéma – et très abordable.
Blackmagic Design est toujours aussi énergique et productif, et avec la même philosophie de démocratisation, de la qualité et des prix.
Après avoir racheté DaVinci, Teranex, Atem… c’est encore une avalanche de produits, en Thunderbolt, HD et même 4K, pour des prix très bas.
L’autre stand très fréquenté était celui de The Foundry : toujours aussi populaire, avec l’annonce de la version 7 de Nuke.
Et toujours aussi productifs : des mises à jour régulières, techniques et qualitatives, mais aussi des nouveaux logiciels…
Très attendu pour son Smoke 2013 prétendûment révolutionnaire (ergonomie, puissance, prix), Autodesk avait un stand très léger et faisait la part belle à Flame, pour ses 20 ans et son prix toujours aussi élitiste…
Côté montage, entre Avid, Apple et Adobe, le plus utilisé était absent, le plus rare était montré avec faste, et le plus cher continuait à avancer…
Absent définitivement depuis plusieurs années de tous types de salons, Apple était absent, et malgré des postes Final Cut Pro X chez certains constructeurs, les postproducteurs professionnels n’ont donc plus accès à aucune démonstration, aucun dialogue avec les responsables d’Apple. C’est bien dommage.
Tandis que FCP X continue de se vendre comme des petits pains, aux amateurs mais surtout aux professionnels fauchés et/ou modernes, tandis que ce logiciel en avance technique de 5 ans continue d’être régulièrement mis à jour, les professionnels sont courtisés par Avid et Adobe, et s’éloignent pour nombre d’entre eux d’une solution Apple opaque (quid de son évolution ?) et désormais sans revendeurs intégrateurs professionnels (interdits de vente de Final Cut Pro X, qu’il faut acheter -pas cher- avec sa petite carte bleue personnelle),…
Invité à un petit séminaire Apple pour centres de formation certifiés Apple, nous avons eu droit à de belles paroles (« tout va bien »), à devoir éteindre nos appareils pour respecter une confidentialité maximale… pour assister à la démonstration des fonctions existantes depuis plusieurs mois.
Et le personnel d’Apple se fait toujours plus rare en France et en Europe pour parler avec les clients. Mais la stratégie d’Apple est pour le moment de faire confiance à ses ventes, son système marketing/vente online, et d’oublier les humains… jusqu’à quand ?
Pendant ce temps-là Adobe montrait un Premiere Pro CS6 moderne, puissant, une sorte de Final Cut Pro 8, sans bouleversements, mais avec une modernité (codecs, rendu) et une ergonomie compréhensible rapidement.
Son éco-système s’enrichit jour après jour : logiciel Prélude pour dérusher, cataloguer, cutter,… SpeedGrade pour étalonner… sans compter Adobe Anywhere, future solution de partage et d’accès à des médias online pour monter de n’importe où…
Et les équipes d’Adobe sont bien présentes, humaines, disponibles pour écouter les besoins, expliquer, voire parler de leurs projets futurs, sans petits secrets.
Avid montrait à son habitude avec professionnalisme l’ensemble de ses outils et workflows : audio, film, TV, MAM, et bien sûr le montage, coeur de ses systèmes.
MediaComposer et ses frères sont à peine arrivés en version 6.0 qu’une version 6.5 sort, déjà disponible.
Ses nouveautés, réelles et appréciables, sont moyennement nombreuses, mais surtout fort chèrement vendues ! La clé de la survie de Avid ? ou la clé de la réduction tarifaire (bien obligée) observée depuis 2 ans ?
Un salon en tout cas passionnant, même si ce qui est caché, absent, en attente, est finalement toujours plus attendu, dans ce monde d’illusions matérialistes en perpétuelle destruction/amélioration…
James Simon, septembre 2012